REFLEXIONS SUR LA CRISE DE LA FAMILLE (PARTIE 3)

Publié le par Thieni Hama

 Deuxième pratique: la multiplication des rapports sexuels chez les jeunes

Parlant de la France des années 1930, E. Poursy fait la remarque suivante plein de sens concernant la position des libertins qui étaient contre la continence/abstinence des jeunes car étant source de problèmes de santé selon ces libertins : 

           « Il faut que jeunesse se passe, on doit jeter sa gourme avant le mariage, on sait ce qu'ils recouvrent de sensualisme et d'égoïsme féroce. Quand on « jette sa gourme », suivant les dires des libertins, on épuise ses forces sexuelles, on compromet sa santé, on déshonore la femme, on devient un petit crevé, dont le développement physique est presque toujours entravé par la débauche. Quand on « passe sa jeunesse », ont séduit des jeunes filles, que l'on abandonne ensuite, souvent après les avoir rendues mères. L'infamie retombe alors exclusivement sur elles, car l'homme n'est pas un juge sévère de ses fautes de jeunesse »[1]

La présente analyse concernait la jeunesse Française, juste à la veille de la seconde guerre mondiale qui a durée de 1939 à 1945, cette jeunesse en matière d’éducation à la sexualité était tiraillée entre deux visions dont la première voulait une certaine hygiène de vie morale, une vie  chaste, contrairement à la deuxième vision qui est celle des libertins qui préconisait qu’il faille que la jeunesse jouisse des plaisirs sexuels (onanisme, rapport sexuel etc.) avant même l’union légale ou légitime.  Plus loin vous comprendrez pourquoi nous avons tenu à faire cas de cette analyse d’E. Pourésy.

Qu’en est-il alors de la représentation sociale actuelle de la notion de jeune ou celui de l’adolescent ?

Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), est adolescent tout individu dont l’âge est compris entre 10 et 19 ans. La catégorie « adolescent » chevauche celle des jeunes (15-24 ans) et la « population jeune » englobe les individus de 10 à 24 ans. En dépit du sentiment de gêne que les adultes et les géniteurs peuvent éprouver à cette idée, leurs enfants adolescents sont sexuellement actifs ou ont eu des rapports sexuels avant l’âge adulte[2]. La curiosité, l’expérience, les raisons économiques, les pulsions naturelles, l’amour, une promesse de mariage, la pression des pairs, la peur de la violence, le viol sont évoqués pour commencer une activité sexuelle[3]. Dans le monde, environ 14 millions d’adolescentes deviennent mères chaque année et près de 90 % de celles-ci vivent dans les pays en voie de développement[4]

L’Afrique n’échappe pas à cette situation, les adolescentes en Afrique deviennent mères que ce soit dans le cadre des unions légales et légitimes ou avec des "jeunes" n’étant pas dans une union légale et légitime, c’est cela qui est d’ailleurs très inquiétant. Il ressort que les pays d’Afrique Subsaharienne ont les taux de maternité d’adolescentes les plus élevés au monde[5]. Parler de sexualité chez les jeunes et adolescents nécessite qu’on s’attarde sur la notion de sexualité en vue de mieux l’appréhender, cela est d’autant plus essentiel qu’il nous permettra de poursuivre notre réflexion tout en ayant un fil conducteur dont le lecteur se fera sienne. La sexualité est loin d’être seulement la génitalité ou la fécondité, puisqu’elle va au-delà. Sur un plan étymologique, la sexualité est ce qui sépare l’espèce en deux catégories d’individus, les mâles et les femelles. Sur un plan relationnel et affectif, la sexualité est ce qui rapproche les individus et qui les unit. Premier paradoxe, mais dans le même temps premier témoin de sa complexité, la sexualité est à la fois ce qui nous sépare et ce qui nous unit[6].

Pour comprendre la sexualité dont nous parlons, il faudra convoquer non seulement l’aspect naturel (physique) ainsi que celui culturel, ces deux éléments sont liés au point où ils sont inextricables. C’est pourquoi la sexualité va concerner tout acte de plaisir pouvant émaner des différents parties du corps humain soit par contact, attouchement ou parfois d’un simple regard, ou en passant par l’acte sexuel à proprement parler ainsi que les mots et paroles capables d’éveiller le plaisir et le désir chez l’individu. Cette forme de sexualité peut convoquer à la fois les différents parties du corps chez les individus, c’est pourquoi finalement l’on ne saurait donner une certaine préférence aux aspects physiques tout en omettant ceux verbaux liées au langage car  la maitrise scientifique des spécificités corporelles, des pulsions et des désirs du corps sont des acquis pour nos sociétés modernes.

Face à la découverte de la sexualité par l’adolescent, notons que sans une certaine guidance de la société dans cet "univers des sentiments", les jeunes se retrouvent face à une réalité tantôt angoissante pour certains, tantôt aventurière et passionnante pour d’autres avec l'idée d'en profiter au maximum. C’est d’ailleurs cette dernière catégorie de jeunes qui s’adonnent avec plaisir aux activités sexuelles de « toute nature ».

Le constat en matière de multiplication des rapports sexuels chez les jeunes n’étant pas dans une union légale ou légitime est d’une évidence déconcertante. Aujourd’hui, il n’est plus un secret de polichinelle que pour les jeunes toutes les questions relatives au sexe et à la sexualité sont connues. Si certains apprécient cette ouverture d’esprit que les médias ont contribué à faire valoir, pour certains nous devons rester méfiants et distants en ce sens que la mauvaise utilisation de ces connaissances et savoirs sur le sexe et la sexualité peuvent être néfastes à la formation de la personnalité de l’individu. Pour ce faire, non seulement cette connaissance qui à notre avis peut être mal structurée dans la plupart des cas, pourrait affecter négativement la vie sexuelle des jeunes une fois dans la vie conjugale mais également la mauvaise canalisation  de cette connaissance pourrait entrainer la multiplication et la banalisation de l’acte sexuel sous toutes ses formes.

Pour certains auteurs, si aujourd’hui nous avons un certain nombre de phénomènes qui n’honorent pas "l’espèce humaine" à cause de l'activité sexuelle « dévergondée » de notre jeunesse et de la société toute entière, point de rappeler que la liberté et le libertinage qui dans une certaine mesure ne font qu’une même réalité dans nos sociétés ont fait de l’individu un sujet «Roi», qui se doit d’assouvir toutes ses pulsions sexuelles peu importe les procédés ou les techniques. Les anecdotes sur des comportements sexuels à caractère animal des hommes (jeunes et adultes) sont légion et ne constituerait que la face visible de l’iceberg. A suivre 

THIENI HAMA

 


[1] E.Pourésy, 1934, p9

[2] (Shoveller et al. 2004).

[3] (Meekers et Calvès, 1997 ; Wood et al. 1998 ; Rwenge, 2000 ; Gueye et al., 2001 ; Nyanzi et al., 2001 ; Afenyadu et Goparaju, 2003 ; Guiella, 2004 ; Koenig et al., 2004 ; Amuyunzu-Nyamongo et al., 2005)

[4] (Reynolds et al., 2006)

[5] Josiane Carine Tantchou Yakam, 2009

[6] Philipe Brenot,2007

Publié dans Famille et Societé

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